Marie Nussbaum

Santé de l’enfant à venir

La santé mentale de parents affecterait-elle la santé de l’enfant à venir ?

La grossesse est une période de transformation profonde, marquée par des changements physiques, émotionnels et psychologiques. Pour certaines femmes, cette période peut être accompagnée de stress et d’anxiété, ce qui peut avoir des répercussions sur leur propre santé mentale mais aussi celle de leur enfant à naître.

Le psychanalyste Daniel Stern, se réfère au terme de « transparence psychique » pour désigner l’état de vulnérabilité émotionnelle et de réceptivité accrue aux émotions et aux pensées inconscientes pendant la grossesse. Cette transparence peut rendre les femmes enceintes plus sensibles au stress et aux émotions négatives, ce qui peut avoir des répercussions sur leur santé mentale et celle de leur bébé. Il est donc crucial de comprendre l’importance d’un suivi psychologique pour les femmes enceintes en souffrance psychique. Nous nous demandons en quoi la santé mentale des parents d’un enfant à naître peut impacter la santé future de ce dernier durant sa vie.

Pour exemple, l’article scientifique intitulé Maternal prenatal stress phenotypes associate with fetal neurodevelopment and birth outcomes - PubMed explore les différents types de stress prénatal chez les femmes enceintes et leurs impacts sur le développement neurodéveloppemental du fœtus et les résultats à la naissance. Dans cette étude, les chercheurs ont identifié trois profils de stress prénatal : le groupe sain (HG), le groupe stressé psychologiquement (PSYG) et le groupe stressé physiquement (PHSG). Les résultats montrent que le stress prénatal peut influencer le sexe à la naissance, des complications à la naissance et le développement du système nerveux central du fœtus.

Pour aller plus loin, une étude (Evolution of genomic imprinting in mammals: what a zoo! - PubMed) sur le mécanisme inédit de régulation de la maturation des microARN démontre que sa perturbation pourrait avoir des implications importantes pour la compréhension de diverses maladies, notamment les cancers et les maladies neurodégénératives. Les microARN sont de petites molécules d’ARN non codantes qui jouent un rôle crucial dans la régulation de l’expression des gènes. La maturation des microARN est un processus complexe et finement régulé, essentiel pour leur fonction biologique.

Une autre recherche mentionne que l’empreinte génomique (Empreinte génomique, la bataille des sexes ?), c’est-à-dire le mécanisme épigénétique où l’expression de certains gènes dépend de leur origine parentale, peut avoir des effets significatifs sur le développement de futures maladies. Chez l’homme, environ 100 à 200 gènes sont soumis à cette empreinte, influençant la croissance fœtale et le développement placentaire. Des anomalies dans ce mécanisme pourraient entraîner des syndromes génétiques, des anomalies du développement et certains cancers. Plus précisément, les syndromes de croissance (croissance excessive et risque accru de tumeurs pédiatriques ou retard de croissance intra-utérin), certains cancers (méthylation anormale des régions chromosomiques), maladies neurodégénératives ou troubles métaboliques (diabète, obésité) seraient consécutifs à des anomalies.

On estime que chez l’homme 100 à 200 gènes sont soumis à l’empreinte génomique, c’est-à-dire que leur expression…

L’empreinte génomique joue donc un rôle essentiel dans le développement normal et la santé globale. Il est donc un important de poursuivre les recherches dans ce domaine de façon longitudinale, pour mieux comprendre et prévenir ces conditions, en mesurant aussi la santé mentale des parents. En parallèle, il nous semble aussi essentiel de fournir un soutien psychologique adéquat aux femmes enceintes pour atténuer les effets négatifs du stress prénatal. Ce suivi psychologique permet de détecter et de traiter les troubles mentaux, tels que l’anxiété et la dépression, qui peuvent survenir pendant la grossesse et aider au développement sain et harmonieux de la mère et de l’enfant.

Sources :

  1. WALSH K. et al., (2019), Maternal prenatal stress phenotypes associate with fetal neurodevelopment and birth outcomes, Bruce S. McEwen, Rockefeller University, New York, NY, https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1905890116
  2. PROUDHON C., BOURC’HIS D., (2010) Evolution of genomic imprinting in mammals: what a zoo!, PubMed, DOI: 10.1051/medsci/2010265497
  3. PAOLONI-GIACOBINO A., (2005), Empreinte génomique, la bataille des sexes, Revue Médicale Suisse, DOI: 10.53738/REVMED.2005.1.25.1687